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12 janvier 2014 7 12 /01 /janvier /2014 11:19
Des chemins de fer en Val de Bièvre,

La réalisation de la gare Arcueil-Cachan de la future ligne 15 du Grand Paris Express[1] a été officialisée lundi 25 mars 2013 avec la signature de plusieurs conventions entre le maire de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonnec, et le président de la Société du Grand Paris (SGP) Etienne Guyot.

« Le tunnel sera creusé en profondeur (30m en moyenne). Ce métro souterrain circulera dans un tunnel en béton de 10 mètres de diamètre comportant deux voies ferrées. II sera réalisé majoritairement avec un tunnelier.

En connexion avec le RER B. La future gare de Cachan se situera en souterrain à 26 m de profondeur, à l'angle des avenues Carnot et Léon-Eyrolles.

Un échangeur en surface permettra de relier la future station au RER B ».

Telles sont les informations que nous avons pu lire dans les médias récemment.

Dans nos villes de la vallée, les « chemins de fer » ou « voies ferrées » pour exister ne sont plus implantés dans les tranchées profondes qui coupaient les quartiers Aujourd’hui, ils passent soit sous terre, soit en site propre au milieu des boulevards ou des avenues. C’est un changement très important pour notre urbanisme.

La ligne de Sceaux, avec la Bièvre et les Aqueducs de la Vanne, du Loing et du Lunain ont structuré nos quartiers. Leur emprise a profondément marqué nos territoires.

Cette actualité m’amène à évoquer de nouveau ces « chemins de fer » qui ont existé, je vous propose ici un peu de leur histoire

L’invention du « chemin de fer ».

L'usage de voies, constituées de rails de bois, sur lesquels circulaient des chariots hippomobiles, est apparu en France dès les années 1540[2].

Au début du XVIIIe siècle, on commença à employer le fer pour les roues comme pour les rails, et ces systèmes prirent le nom de tramways. Les roues étaient guidées dans des ornières revêtues de plaques métalliques. Vers la fin du XVIIIe siècle, un ingénieur anglais, William Jessop conçut les rails à ornière destinés aux roues à boudin, en 1789.

En 1802, Jessop ouvrit au sud de Londres, qui ce semble bien avoir été, bien qu'il fût à traction hippomobile, le premier « chemin de fer » public du monde.

La ligne de sceaux[1]

Elle a été mise en service en 1846, le 23 juin. Initialement, elle s’arrêtait en gare de Sceaux qui sera l’une des premières villes desservies par le chemin de fer.

A Arcueil-Cachan la construction de la gare ne sera pas sans difficultés car la municipalité de l’époque voulait s’y opposer. Elle protestait contre cette construction si près du cimetière.

Elle craignait les risques de collusions entre les convois funèbres et les trains. Les rues et les passerelles d’aujourd’hui n’étaient pas encore toutes créées

Eugène Belgrand devra prendre en compte l’existence de la ligne avant de faire tourner son pont-aqueduc vers les réservoirs de Montsouris en 1870.

Pendant l’année1847, c’est 580 000 voyageurs qui sont transportés entre Sceaux et Paris.

Ce développement n’est sans risque, le 30 mars 1905 vers 6 heures 30, la locomotive d'un train parti de la gare du Luxembourg déraille dans la tranchée en courbe entre Cachan et Bourg-la-Reine où la vitesse pourtant limitée à 65 kilomètres à l'heure est encore excessive compte-tenu du mauvais état de la voie. Le tender, le fourgon et les voitures la percutent et s'entassent entre les parois encaissées de la voie de chemin de fer. Un incendie se déclare. On dénombrera 3 morts et 9 blessés.

Au fil des années, après de nombreuses transformations ou prolongations, il est décidé en 1932 que la ligne soit électrifiée. Le trafic augmente de façon considérable, 17 millions de voyageurs sont transportés en 1938.

Le prolongement Luxembourg-Chatelet à lieu en 1977. La ligne de Sceaux devient le RER-B.

La ligne est aujourd'hui exploitée par la RATP de la gare du Nord jusqu’à Robinson, Massy-Palaiseau et Saint-Rémy-lès-Chevreuse.

Depuis 2002, la RATP a procédé à des travaux de remplacement de la caténaire et de ses supports, ainsi que des composteurs de billets.

Une signalisation a été mise en place à destination des voyageurs, qui sont censés bénéficier d'informations en temps réel sur la circulation des trains. Nombre de nos concitoyens trouvent cela souvent très aléatoire.

Les Tramways

Dés la seconde moitié du 19ème siècle, un grand nombre de tramways circulent dans Paris, puis en proche banlieue (notamment dans l'ancien département de la Seine).

Ils précédent le métropolitain de plusieurs décennies.

Ce réseau a fonctionné entre 1855 et 1938 à Paris et dans sa proche banlieue

Deux lignes longent ou traversent Arcueil-Cachan dans l’axe nord/sud. La ligne 88 va jusqu'à Arpajon, la 93 s’arrête au centre de Cachan

L’Arpajonnais[2]

C’est le nom donné à la ligne 88 qui suivait la N20 vers Arpajon

C’était un chemin de fer secondaire sur route reliant les halles de Paris à Arpajon, mis en service en 1893-1894, il est supprimé en 1937.

En 1922, la Compagnie du chemin de fer sur route de Paris à Arpajon, en difficultés financières comme l'ensemble des réseaux secondaires et urbains. Elle est rachetée par les départements de la Seine et de Seine-et-Oise, qui en confient l'exploitation à la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP). Cette dernière donne à cette ligne le no 88 pour la partie électrifiée. En 1930, elle met en service des tramways électriques plus confortables.

L'abandon des lignes de tramway desservant le centre de Paris entraînera sa suppression le 31 décembre 1933 du service marchandises vers les Halles et la disparition de l’Arpajonnais.

Les trains de l’entreprise Tayart.

A partir de 1909, les locomotives Charlotte et Adrienne, circulent dans la vallée de la Bièvre.

Venant d’Arcueil, elles ont été baptisées par les ouvriers de l’entreprise TAYART[3], (chargée de recouvrir et remblayer la Bièvre vive, ses bras morts et les puits artésiens de la Plaine au sud de Cachan). Elles circulaient sur un chemin de fer à voie étroite du type Decauville[4] installée sur le faux trottoir destiné à la future mise en place du tramway 93 reliant Cachan à Paris.

En partant de la Glaisière d’Arcueil, rue du moulin de la Roche, elles empruntaient l’avenue de la Convention à Arcueil et l’avenue Cousin de Méricourt à Cachan.

C’est 2 millions de m3 de remblai qui sont ainsi transportés d’Arcueil à Cachan pendant plus de 18 mois

Lorsque le recouvrement de la Bièvre sera terminé Charlotte & Adrienne quitteront la vallée de la Bièvre au grand dam des riverains qui « s’étaient habitué à leur sifflet » selon André Desguine.

Il semble que les rails et les wagonnets soient restés dans les carrières.

Le tramway n° 93

C’est en 1900 que sa construction a été décidée. Mais la ligne est ouverte en octobre 1913[5]

Ce tramway a été implanté sur le parcours de la Bièvre récemment recouverte en particulier sur l’avenue de la Convention à Arcueil et Cousin de Méricourt à Cachan.

Les cachanais pouvaient ainsi se rendre directement de la place Gambetta de Cachan au centre de Paris place du Chatelet.

Mais l’invasion de l’automobile auxquels s’ajoutaient les coûts de l’entretien des lignes auront raison des tramways.

Ils seront remplacés par des autobus.

Cette ligne a également supprimée en 1936[6].

Aussi, les rails de chemin de fer ont peu à peu disparu de nos avenues

Seul est encore présent le café-tabac à l’angle de la place Gambetta et de l’avenue Cousin de Méricourt à Cachan où était le terminus.

Le chemin de fer de L’ESTP

Créée, en 1891, à Paris, L’ESTP s’implante à Cachan sur 7 hectares quelques années plus tard. Sont installés des ateliers, laboratoires, bibliothèque, salle d’études et de projets, maison familiale.

Dans cet ensemble, le polygone comprenait un chemin de fer à traction électrique, auquel s’ajoutaient de nombreuses autres installations techniques à la pointe de la modernité.

Les étudiants avaient ainsi une école d’application moderne, mais installée à la campagne selon un prospectus de 1922 de L’ESTP. Le chemin de fer électrique en était un élément essentiel.

Ce train sera aussi utilisé, en 1928, lors d’une fête de l’école présidée par Madame Eyrolles, épouse du directeur-fondateur, Léon Eyrolles[7].

Le programme[8] de cette kermesse promettait aux participants « un voyage pittoresque et mouvementé pour les amateurs de sensation ».

Aujourd’hui, ce chemin de fer à lui aussi disparu.

Selon certains témoins, il semble que d’autres chemins de fer aient été installés sur ce qui est aujourd’hui le terrain de l’École Normale Supérieure à Cachan. Nous n’avons pas de documents qui confirment ces témoignages.

Il nous reste le long de la vallée de la Bièvre, la mémoire de ces chemins de fer, l’Arpajonnais, Charlotte & Adrienne, le tramway n°93, le Decauville de l’ESTP ou de la carrière d’Arcueil. Ces rails installés dans nos villes en fonction des besoins du moment ne répondaient pas aux mêmes attentes mais utilisaient tous la même technique de base, le rail.

Ce système de transport guidé servant au transport de personnes et de marchandises se compose d'une infrastructure spécialisée en site propre, de matériel roulant et de procédures d'exploitation particulière.

Cette invention très ancienne, du « chemin de fer » offre encore aujourd’hui des possibilités de progrès importants.

Ainsi dans nos métropoles, si on réimplante des tramways, sont aussi installés « sous terre » de nombreux chemins de fer.

En effet, nous manquons de place dans nos villes très urbanisées.

Sources[9]

Marcel BREILLOT

[1] Georges Massiot, les Chroniques du Val de Bièvre, N° 4, 5, 6 , 1994/95

[2] Chroniques du Val de Bièvre N°52 Mireille Hebrard

[3] Recherche sur la Bièvre, André Desguine, 1975 ;

[4] La société Decauville, créée en 1875, a été un constructeur de matériel ferroviaire et de manutention, de cycles et d'automobiles.

Paul Decauville (1846-1922), initialement fils de l'agriculteur Armand Decauville spécialisé dans la production de betteraves et la distillerie, inventa un type de voie de chemin de fer de faible écartement (40 à 60 centimètres) qui prit le nom de « Decauville », suite à un stock de 9 000 tonnes de betteraves attendant dans des champs détrempés et d'accès très difficile.©Wikipédia.

[5]http://www.amtuir.org/05_htu_tw_paris/05_htu_tw_paris_1910_1920/05_htu_tw_paris_05.htm

[6] Les Chroniques du val de Bièvre N°53, Annette Le Bonhomme

[7] Il sera maire de Cachan de 1929 à 1944.

[8] Association ETP, Programme de la[8] Kermesse du 17 mai 1928, coll. de l’auteur.

[9] Documents & CPA reproduits ; collections de l’auteur

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 16:32

 Pendant l’année 2012, avec nos amis de  plusieurs sociétés d’histoire, nous préparions l’exposition que beaucoup d’entrevous ont visitée en avril dernier. Nous avons aussi rédigé un parcours pédestre  que nous avons appelé : « Flâneries à la découverte de l’aqueduc Médicis ». Celui-ci passe à Cachan par le sentier de la Fontaine couverte et « ses jardins partagés ». J’y ai photographié pour notre exposition la borne « VDP » qui y marque le passage de l’aqueduc Médicis.

 

Borne VDP aqueduc

[1] Cette photo dans les « jardins partagés » m’a amené à vouloir comprendre les différences entre: jardins partagés, jardins associatifs, Jardins familiaux, jardins ouvriers.

Depuis quelques années des jardins portant différents  noms apparaissent un peu partout et font parler d’eux.

Si leur dénomination a évolué, il s’agit toujours de permettent à des personnes, souvent modestes, qui le souhaitent de pouvoir avoir une parcelle de terre utilisée comme potager pour y cultiver leurs  légumes, y faire pousser des fleurs et même des petits arbres fruitiers. Initialement, Ils sont destinés à améliorer les conditions de vie des ouvriers en leur procurant un équilibre social et une autosubsistance alimentaire. [2]

 

En 2005, dans un très bel article dans nos « Chroniques »[3], Annette Le Bonhomme nous proposait l’histoire de la naissance des jardins ouvriers d’Arcueil-Cachan en 1913.

Les jardins ouvriers ont déjà une longue histoire, cette idée ancienne a été élaborée en Angleterre pendant les guerres napoléoniennes où l’on proposait aux ouvriers des« allotments[4] ». Elle fut aussi favorisée par un médecin, le docteur Schreber en Allemagne. Il souhaitait « éduquer la population » et « améliorer la santé publique ».

 A la fin du XIXème siècle, un prêtre, l’abbé Lemire, par ailleurs, député[5] influent imagine « les jardins ouvriers ».

Il créée le 21 Octobre 1896, la Ligue Française du Coin de Terre et du Foyer.  

Il souhaite que « les ouvriers s’échappent de leur taudis en profitant d’un air plus respirable…. Qu’ils s’éloignent des cabarets et aient des activités familiales dans ces espaces verts »

En 1904, il existait 48 jardins ouvriers en région parisienne.

Certains membres de la municipalité d’Arcueil-Cachan autour d’Eugène Givort souhaitaient aussi se lancer dans l’aventure. « Il s’agit de récupérer des terrains incultes, abandonnés, de les distribuer aux familles volontaires susceptibles de les mettre en valeurs »[6]

En 1913,  « il y a 1515 jardins ouvriers dont la moitié se trouve dans nos banlieues ».

 

 Par ailleurs, à Arcueil-Cachan, « L’abbé Lemire, avait des vues sur un terrain. Il s’était mis en relations avec l’assistance Publique qui le possédait au pied du pont-aqueduc sur l’ancien lit de la Bièvre qui avait été canalisée et enterrée peu d’années plus tôt.

« Le directeur de l’assistance publique met les deux parties en relation, l’abbé Lemire et la commune. L’entente est cordiale et l’on se met d’accord pour moitié-moitié »[7]

Le terrain occupé par ces deux jardins ouvriers se situait entre l’actuelle avenue Cousin de Méricourt et la rue des Tournelles. C’est une petite partie du domaine du Fief des Arcs et d’Anjou. La rue du Fief des Arcs n’était  pas encore créée. L’ancien lit de la Bièvre n’avait pas été pas comblé.

 

                          Jardin Fief des Arcs

                 Les Jardins ouvriers vu de la rue des Tournelles

 

Ce domaine a très une longue histoire : En 1757, la famille Donjat, qui possédait celui-ci depuis deux siècles, cède « sa propriété des Arcs » à l’orfèvre René Delinthe.

La fille de ce dernier, Anaclette Julie Delinthe qui en hérite avant la révolution de 1789 doit par ailleurs en être adjudicataire le 12 mai 1790.

Elle a épousé, un peu avant la révolution, Jean Élisabeth Barthélémy Cousin de Méricourt, caissier chez le trésorier des États de Bourgogne. Mr Cousin de Méricourt est guillotiné[8] en 1794.

Sa propriété revient à sa fille, Anaclette Elizabeth Cousin de Méricourt qui épouse Monsieur Besson.

Leur fille, Palmyre Anaclette Besson en hérite a son tour, elle se retrouve veuve de Monsieur de Provigny après six mois de mariage.

Le 22 mai 1908, cette propriété est léguée, par Madame Palmyre Anaclette de Provigny, à l’Assistance Publique qui en accepte le legs.

Après avoir ouvert en 1914 la maison de retraite Cousin de Méricourt, le 30 juillet 1923[9], l’assistance publique obtient l’autorisation du préfet de la Seine, de céder la partie du terrain occupée depuis 1913 par les jardins ouvriers à Messieurs Lorin et Parenty représentant la Société Parisienne d’Habitation.

A partir de 1926, cette société vend le terrain en lotissement pour construire des pavillons.

La rue du Fief des Arcs vient d’être créée.

Les jardins ont disparu en octobre 1923.

Les documents qui nous ont été transmis par  l'association Mémoire de l'abbé Lemire [10] sur la période

d’existence de ces jardins à Arcueil-Cachan nous parlent de ceux qui ont été géré par son association..

 « J’ai consulté aujourd'hui les bulletins de la Ligue du Coin de terre et du foyer à la recherche d'informations sur les jardins ouvriers d'Arcueil.

 Dans le bulletin de mai-juin 1914, il est fait état de la création toute récente de ces jardins.

Quelques pages plus loin, un tableau des jardins ouvriers de la région parisienne mentionne également Arcueil 

 

Arcueil 1

 Idem dans le compte-rendu de l'assemblée générale de la Société des Jardins ouvriers de Paris et banlieue tenue le 13 juin 1914, où quelques lignes évoquent la vie de la section locale. »

L’abbé Lemire en visite à Arcueil-Cachan en 1914Photos 1919 jardins ouvriers

« La fête des jardins d'Arcueil-Cachan, qui a fait l'objet de plusieurs cartes postales, a eu lieu à la fin du mois de juin 1914 mais n'a pas bénéficié d'un compte-rendu dans le bulletin de la Ligue du Coin de terre et du foyer, le numéro prévu pour la fin de l'été étant annulé pour cause d'entrée en guerre.»

Arcueil 3

Arcueil 4

 

Abbé lemire Jardins ouvriers Cachan
 

 « Le bulletin suivant paraît en 1918 et contient une mention de cette fête 

Dans le compte-rendu du congrès des Jardins ouvriers de 1920, il est encore rappelé que les jardins d'Arcueil ont été fondés en 1913 et qu'ils comprennent 66 parcelles faisant chacune 100 mètres carrés »

Fête de jardins Ouvriers  de Cachan le 1er juillet 1923

Chaque année, une fête est organisée pour chaque Jardin, des cartes postales représentantes celles d’Arcueil-Cachan.

Ces fêtes des jardins étaient,  (aujourd’hui nous dirions « médiatisées »), ainsi le 27 juillet 1913 le Président  de la République Poincaré visitait les jardins ouvriers d'Ivry avec l’Abbé Lemire. Les journaux, le cinéma, faisaient la promotion de leur initiateurs. Au même moment, d’autres acteurs les rapprochaient « des politiques très paternalistes du patronat à l’égard de leurs ouvriers » et en faisaient la critique.

Les archives de l’association « Mémoire de l’abbé Lemire » ne mentionnent pas les autres jardins dont «  l’Œuvre populaire des Jardins Ouvriers d’Arcueil-Cachan » présidée par Eugène Givort. Jardins Ouvriers auxquels Erick Satie à participé pendant plusieurs années.

«Les derniers jardins ouvriers de Cachan, ceux du Moulin de Cachan, disparaitront dans les années 60, libérant la place pour la construction de HLM.»[11]

La mémoire des Jardins ouvriers d’Arcueil-Cachan n’est pas perdue. Un de mes voisins me racontait, il y a quelques années, comment les habitants du quartier du Fief des Arcs avaient recréé un jardin collectif pendant la guerre 39/45 à l’angle de l’avenue Cousin de Méricourt et la rue du Fief des Arcs pour palier aux restrictions pendant la guerre1939/45.

 

L’aspect philanthropique des jardins a beaucoup évolué.

Ainsi les Jardins Partagés de Paris se définissent comme étant : « un espace vert cultivé et animé par les habitants. Un lieu de vie ouvert sur le quartier qui favorise les rencontres entre générations et entre cultures. Géré par des riverains regroupés en association, il facilite les relations entre les différents lieux de vie de l'arrondissement : écoles, maisons de retraite, hôpitaux… »[12]

 

Aujourd’hui, nous trouvons des jardins collectifs (familiaux ou partagés) dans chacune des communes du Val de Bièvre, dans certaines, comme Villejuif, il y en a plusieurs.

Sur Arcueil et Cachan, nous avons des Jardins Partagés et d’autres projets existent.

 

                                            Marcel BREILLOT

 

[1]  VDP : Ville de Paris, ces bornes marquent le parcours de l’aqueduc Médicis

[2] Lorsque j’étais enfant, mon père ouvrier dans une laiterie aimait après sa journée de travail, nous emmener avec lui sur le  jardin ouvrier où il cultivait nos légumes familiaux.

[3] Les Chroniques du Val de Bièvre, n° 46 &47, « Lutte contre la vie chère à Arcueil-Cachan » d’Annette Le Bonhomme.

[4]« Parcelle de terre » http://fr.wikipedia.org/wiki/Jardins_familiaux

[5] L’abbé Lemire est réélu à chaque élection législative de 1895 à 1914, il est également maire d'Hazebrouck en 1914.

[6] Idem 2

[7] Idem 2

[8] Chronique du Val de Bièvre N° 67 l’avenue Cousin de Méricourt

[9] Rappellons ici que la commune de Cachan existe depuis le 26/12/1922.

[10] Pour l'association Mémoire de l'abbé Lemire, , 6, rue Biebuyck, 59190 Hazebrouck, Jean-Pascal Vanhove.

[11] Idem 2, Pour en savoir plus, lire les articles de Annette Le Bonhomme.

[12] http://jardinons-ensemble.org/

 

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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 15:24

Depuis sa création en 1997, le prix Antoine Marin, en collaboration avec la ville d’Arcueil, a accueilli de très nombreux jeunes créateurs. Cette aide à la jeune création est devenue un rendez-vous incontournable, connu bien au-delà des frontières de la ville.

Chaque jeune créateur est parrainé par un artiste confirmé. A l’issue de la concertation du jury, trois prix sont remis à ces jeunes artistes de moins de 40 ans lors d’un vernissage à la galerie Julio Gonzalez d’Arcueil.

Le nom de l’entreprise Marin est bien connu de nos lecteurs. En effet, cela fait plus de 15 ans que la S.A. Marin est un de nos plus fidèles annonceurs.

Pour mémoire, voici la première « pub » qui a été faite dans les Chroniques du Val-de-Bièvre.Pub marin

Qui a donc été Antoine Marin au nom duquel aujourd’hui on aide des jeunes talents, des artistes qui sont ainsi propulsés dans leur démarche artistique ?

Antonio Marin est né en 1928 à Santa Maria de Figaredo, près d’Oviedo, en Asturies. Son père, Venancio, est mineur-boute-feu. Sa mère, Teresa, s’occupe de ses trois autres enfants. Elle décède peu de temps après la naissance d’Antonio.

En 1937, Antonio est orphelin. Il est emmené à Bordeaux par la Croix Rouge. Là, le responsable du patronage laïque d’Arcueil  le récupère pour le prendre en charge. Antonio  disait « avoir fait la traversée sur le même bateau que René-Louis Laforgue », né la même année que lui à San Sébastian.

Antonio a 8 ans. « C’est l’époque où les journaux français clament qu’il faut mettre un frein à l’invasion de la racaille rouge qui déferle d’outre-Pyrénées ».

Que s’est-il donc passé en Espagne dans ce qui est aujourd’hui la communauté autonome d’Asturies ?

« Le 6 octobre 1934, une grève générale pour protester contre le gouvernement, dégénère en de graves affrontements. L'armée est envoyée pour réprimer la révolte. Les ouvriers asturiens portent la grève plus loin et font une vraie révolution, appelée la « Commune asturienne ». Isolés, ils sont finalement défaits. Le général Franco avait décidé de planifier les opérations militaires comme dans une guerre coloniale. La répression est terrible : 3 000 morts, 7 000 blessés, 30 000 emprisonnés (beaucoup d’entre eux furent aussi torturés) et plusieurs milliers mis  au chômage. Sur les 40 condamnations à mort prononcées, 4 furent effectivement exécutées. »[1]

Le père d’Antonio, Venancio, est porté disparu.

Les élections de Février 1936 marquent la victoire du Front populaire en Espagne. Mais, en Juillet, le coup d’état militaire ruine tous les espoirs du peuple, la guerre civile s’installe.

C’est dans ce contexte qu’Antonio, devenu orphelin, arrive à Arcueil qu’il n’a jamais quitté.

En 1937, la municipalité communiste d’Arcueil[2] accueille d’abord 18 enfants de républicains espagnols. Elle prévoit d’en recevoir de nouveau. Elle lance un appel aux Arcueillais pour qu’ils prennent en charge ces enfants chez eux. Elle leur fait passer une visite médicale, des enfants du patronage laïc se proposent de parrainer les enfants espagnols. Pour Antoine, cette solidarité d’accueil envers des enfants restait « l’une des plus belles valeurs humaines » qu’il ait connues. Il le dit à François Maspero. [3]

Il a passé toute son enfance, la guerre 39/45 dans la rue de la Vallée[4], où « s’entassaient des bicoques en bois et en parpaing. Ces rues, c’était la misère, la faim, la boue, l’humidité, le froid ».

La veuve qui l’a recueilli, le faisait pour quelques aides octroyées par la mairie, elle l’élevait avec son fils. A Gentilly, une sœur d’Antoine fut accueillie dans une famille plus chaleureuse.

Il va à l’école primaire Jules Ferry. Là, le directeur de l’école le remarque, il est le premier de la classe. Il passe brillamment son Certificat d’études primaires alors que, peu d’années auparavant, il ne parlait pas français. A l’école, c’était un leader qui rêvait d’avoir « sa bande », raconte un ancien camarade d’école.

img021Mais lorsqu’il a 14 ans, pendant la guerre, il doit travailler.

Dans sa rue, il y a l’atelier-entrepôt d’une entreprise parisienne, la Maison Gattegno, atelier spécialisé qui vend des couleurs, des pinceaux, des toiles et des chevalets. Antoine y est embauché comme apprenti.

 « J’emmenais les châssis, les cadres et les chevalets dans les magasins de Montparnasse en tirant une voiture à bras et je travaillais le bois »[5]

. [6]

Antoine veut s’en sortir. « Quand on sort de la misère, on sait mieux se battre que les autres, on connaît la valeur des choses et de l’argent ».

Au retour de son service militaire en Tunisie, il retrouve une autre sœur, de six ans son aînée, qui vient d’arriver d’Espagne où elle était restée. Elle s’était déjà occupée de lui lors du décès de leur mère.

Son ancien patron lui loue l’atelier de la rue de la Vallée. Dès 1947, il crée sa propre affaire, il fabrique des cadres puis « la Maison Marin » propose du matériel pour les artistes peintres. Dans les années 70, il achète le local.

A Marin par Jean Olivier Hucleux 1999Devenu artisan, chef d’entreprise, Antoine Marin connaît, aime et collectionne les œuvres de ses amis, les artistes.  Ses amis, sa nièce, parlent d’un homme à « fort charisme », imposant par son physique : «il pouvait apostropher de la même façon un clochard dans la rue ou un ministre »,

« Il pouvait ramener le premier chez lui, il donnait un surnom à tout le monde », « c’était un laïc, profondément républicain »

« Il m’impressionnait beaucoup »,          

 « Enfant j’allais à l’atelier avec lui pour terminer l’assemblage des cadres ou pour les livrer » explique, Martine, sa nièce.                [7]

Après le décès du Général Franco en 1975, il retourne à Santa Maria de Figaredo.

Son village natal lui semble « petit et noir », il ne correspond pas à ses souvenirs d’enfant de huit ans.

En 1989, lorsque François Maspero le rencontre, il a déménagé du premier entrepôt qu’il occupait pour s’installer de l’autre côté de la vallée de la Bièvre, entre  la jonction des deux branches de l’autoroute, dans la ZAC du Ricardo.A Marin par Ernest Pignon-Ernest 2002

L’enfant des Asturies affirmait que « la misère qu’il a affrontée était bien peu de choses au regard de toutes les misères du monde ».Il se souvenait du temps où il allait chercher le lait à la ferme. « Fermes et maraîchers ont disparu, les carrières aussi et les taudis ont été remplacés par des HLM. Quand on voit comment vivaient les gens, il n’y a pas d’hésitation possible ». Antoine remerciait la commune d’Arcueil pour les logements créés pour ses habitants démunis.

Il hantait les salons et galeries, il connaissait de nombreux peintres renommés comme Erro, Debré, Garouste, Hartung, Arroyo, Soulages et bien d’autres.

De nombreux peintres arcueillais aussi : Velikovic, Jean-Pierre Pincemin, Antonio Segui.

Ils lui rendent hommage.

Ils l’appellent « Parrain » ou « Marrain »

ou le « chassissier ».           [8]

Chassissier

Il décède en 1995.

Philippe Marin, Daniel Breuiller, Maire d’ArcueilAvec-Daniel-Breuiller.jpg

 

Son fils, Philippe, continue et développe l’entreprise. Il a créé le prix Antoine Marin en souvenir de son père « qui lui a tout donné ». « Je rends hommage à mon père, j’aide les jeunes », dit-il.

Inauguration de la Rue A Marin 

En 2007, la municipalité d’Arcueil donne le nom d’Antoine Marin à une rue dans le nouvel ensemble de la Vache Noire.

Gardons le souvenir du petit orphelin des Asturies qui fut accueilli chez nous, à Arcueil, et y a réussi sa vie.

Saurions-nous le permettre aujourd’hui ?

Marcel BREILLOT

 

[1]  http://fr.wikipedia.org/wiki/Asturies

[2] Archives du Val-de-Marne, Front Rouge du 4 septembre 1937

[3] François Maspero, Les Passagers du Roissy Express, Le Seuil, 1990

[4] Aujourd’hui, rue du Général de Gaulle

[5] Arcueil notre cité, N°28, septembre 1991

[6] A. Marin par Ernest Pignon-Ernest, 2002.

[7] A. Marin par Jean Olivier Hucleux, 1999

[8] Portrait d’A. Marin, Robert Combas, 1999

 

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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 10:19

Il est décédé le 16 septembre 1836, à Cachan.[1]

 

Deces-Mevolhon.jpg

 

Le registre d’état civil ne précise pas dans quelle rue.

C’est Beucker Henri, son cocher, qui déclare ce décès. L’acte précise qu’au moment de son décès, le Baron de Mévolhon est conseiller municipal d’ Arcueil[2] dont le maire est Joseph Cousté.

Il est né à Sisteron le 21 janvier 1757, fils de sieur Jean-Pierre Mévolhon, marchand, et de demoiselle Jeanne Mieulle ».Il s’est marié le 21 février 1791 à Saint-Omer dans le Pas-de-Calais avec Henriette Maguire.

Fils d’une famille de quatorze enfants, il a fait ses études chez les Oratoriens avant de faire des études de droit à Paris.

En 1779, il est avocat au parlement de Provence, à Aix.

Il était receveur de la Viguerie à Sisteron, quand il est  élu, le 15 avril 1789, député du Tiers-Etat  aux États-Généraux, par les sénéchaussées[3] de Forcalquier.

Il prête le serment du Jeu de paume. Pour certains auteurs, il vote silencieusement avec la majorité du Tiers-État, pour d’autres, « Il vote constamment avec les amis du trône et de la liberté constitutionnelle. »[4] Il part en congé de novembre 1790 à février 1791. Dénoncé au comité de salut public le 24 prairial an II[5], par le comité de surveillance de Sisteron, il est arrêté le 12 messidor. Il est soupçonné de participation à la journée révolutionnaire royaliste du 13 vendémiaire.[6]

Après la chute de Robespierre, il fait parvenir ses réclamations à la Convention qui suspend l'effet de son arrestation et charge Barras et Fréron, alors en mission en Provence, de statuer définitivement sur cette affaire, qui n'eut pas d'autre suite. « Il crut plus prudent de se fixer à Paris ».

A l'époque du Consulat, il devient inspecteur des convois militaires puis des subsistances militaires.  Puis, M. Mévolhon devient président du tribunal de Sisteron, puis Chef de légion de la garde nationale, et président de section à Paris.

Plus tard il écrit à propos de sujets très variés comme la traduction du traité d’agriculture d’Ebn et Aroun, sur la détention de Casimir, roi de Pologne (qui était commendataire de l’abbaye de St Germain-des-Prés à Cachan).

Mevolhon.jpg

 

Il écrit aussi contre les proconsuls ou des réflexions sur l’ancienne et nouvelle noblesse, sur les acquéreurs des biens nationaux, sur la banque de France.

 Il est promu baron de l'Empire le 25 mars 1810[7].

[8] Le cadastre de Cachan de 1812 nous indique que lui-même ou sa famille sont propriétaires de six parcelles de terrain aux Hautes-Bornes et aux Grouettes dans Arcueil et d’une parcelle (879) à Cachan au lieu-dit Les Tournelles.

Il possède aussi à Cachan  l’ancienne propriété de Melle Chopin de Bénévent, décédée le 24 mars 1780,[9] située entre la rue des deux Parcs (aujourd’hui, rue Gallieni)  et l’actuelle avenue Cousin de Méricourt qui n’existait pas à cette époque.

 

 Cimetiere-Cachan.jpg

Nous ne trouvons pas de trace de sa tombe au cimetière, « des Cachanais parlent du fantôme du cimetière de Cachan ». « Cette tombe est probablement située  le long du mur de la rue du Chemin de fer parmi celles dont la plaque a disparu ».

Marcel BREILLOT

 

 

[1] Biographie du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (A.Robert et G.Cougny)

Archives du Val-de-Marne, État civil Arcueil-Cachan

 

[2]Arcueil et Cachan ne sont pas encore séparés administrativement. Les deux noms ne sont pas encore ensemble pour désigner ce territoire.

 

[3] Justice royale

 

[4] Bibliographie nouvelle des contemporains, A-V. Arnault, A. Jay, E. de Jouy, J. Marquet de Norvins.

 

[5] Calendrier républicain, soit le 15 juin 1794

 

[6] Le 10 vendémiaire, la section Lepeletier appelle à l'insurrection et convoque ses électeurs pour le 11.

Quatre-vingts électeurs de 15 sections s'y rendent. Le soir du 11 vendémiaire, sept sections se déclarent en insurrection. 

Le 4 octobre 1795, la Convention, avertie des préparatifs des royalistes, rapporte ses décrets sur le désarmement des « terroristes ». Le lendemain (13 vendémiaire an IV), elle charge Paul Barras du commandement des troupes de Paris et lui adjoint cinq généraux jacobins, dont Napoléon Bonaparte et Guillaume Marie-Anne Brune. En fait, c'est Bonaparte qui dirige les opérations. Wikipédia.

 

[7]Baron 25.03.1810 (lettres patentes) D'hermine, chapé de gueules, franc-quartier des Barons pris parmi les membres des Collèges Electoraux  Livrées : aux couleurs de l'écu   Majorat d'une inscription de 5.000 francs sur le Grand livre de la Dette publique

 

[8] Gallica , bibliothèque nationale.

 

[9]Fiche sur le cimetière de Cachan d’Annette LE BONHOMME.

Il est décédé le 16 septembre 1836, à Cachan.[1]

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 15:41

C’est une photo à vendre sur un site Internet qui m’a incité à faire les quelques recherches qui suivent.

 

Général Weis

Inauguration d’une annexe de l’école Breguet.

« Le général Pierre Weiss a inauguré aujourd’hui l’école des mécaniciens radiotélégraphistes et électriciens de l’armée de l’air, annexe de l’école Breguet au camp de Cachan.

Le général, M. Louis Breguet et les personnalités officielles devant les bâtiments de l’école. »

 Général Weis 2

Quelque temps  plus tard, je trouve cette seconde photo avec les mêmes personnages. En arrière plan, on aperçoit l’école Paul Doumer de Cachan.

Ces photos me font poser quelques questions :       

   Qu’était l’école Breguet ?

   Qui était Louis Breguet ?

   Qui était le Général Weiss ?

      Pourquoi étaient-ils à Cachan ?

     Quels souvenirs en ont les Cachanais ?

 

Qu’était l’école Breguet ?

Créée en 1904, à Paris, sous le parrainage de la  famille Breguet dont trois générations ont contribué aux progrès de l'électricité au XIXème siècle. 

 « Les descendants ont accepté que cette nouvelle école prenne le nom : d'École Breguet[1] ».

Dès sa création, elle est destinée à constituer dans le domaine des sciences et techniques de l'électricité, l'équivalent de l’École Nationale des Arts et Métiers. L'École Breguet figure sur la liste des établissements habilités à délivrer le titre d'ingénieur, aligné sur les exigences d'admission des écoles publiques similaires.

« À son début en 1904, il n'est pas question d'électronique et encore moins d'informatique mais d'électricité et de mécanique. Au fur et à mesure de l'évolution, l'enseignement de l'École s'est adapté. Des cours de TSF[2] puis de radioélectricité ont fait leur apparition dans les années 30 à 40 et ont été remplacés et développés après-guerre sous le terme d'électronique. »Une dernière promotion d'ingénieurs issus de l'École Breguet,[1] à Paris, est sortie en 1965.  En 1968, l'École prend le nom d'École Supérieure d'Ingénieurs en Électrotechnique et en Électronique; les premiers ingénieurs portant le titre d'ingénieurs ESIEE date de 1966. 

Qui était Louis Breguet ?louis Breguet

Il est né le 2 janvier 1880. [3]

Il est un constructeur d'avions, réputé. Il est le fils d’une famille d’industriels parisiens. Il prend la direction de la section électricité de l'entreprise familiale. Louis Breguet, ingénieur électricien de formation, débute dans l’aviation en 1907, en construisant un «gyroplane» (l'ancêtre de l'hélicoptère) avec des ailes flexibles.

Son premier aéroplane vole en 1909. Il bat le record de vitesse sur 10 km en 1911. En 1912, il construit son premier hydravion.

Pendant la Première Guerre mondiale, il fournit des avions de reconnaissance et un bombardier, le Breguet Br.14, qui se révèle être l’un des meilleurs avions de ce type.

Après 1918, Breguet fonde la Compagnie des Messageries Aériennes, qui est à l'origine d'Air France et il fournit de nombreux avions pour l'Aéropostale.
La firme Breguet produit alors de nombreux types d’avions, dont le
Breguet 19, auteur de nombreux records, dont le premier Paris/New York sans escale, au dessus de l'Atlantique Nord les 1er et 2 septembre 1930.

 

Il produit en 1935 un gyroplane qui établit des records. Louis Breguet décède le 4 mai 1955 à St Germain en Laye.

La Société « Breguet Aviation » produit  de nombreux appareils civils et militaires jusqu’en 1970.

Le nom de Breguet disparaît en 1990 de la raison sociale de l’entreprise, devenue Dassault Aviation[4].

Qui était le Général Weiss ?

Pierre Théodore Weiss est né à Nancy en 1889 et décédé en 1970. C’est un aviateur militaire, mais aussi  un écrivain français.

Le 21 mai 1927, alors commandant1 de l’armée de l’air, il assiste à l'atterrissage de Charles Lindbergh sur l'aérodrome du Bourget.[5]

« Le 10 janvier 1929, il réussit un ravitaillement en vol. Il expérimente des vols à haute altitude, avec des appareils équipés de turbocompresseurs. Il bat un record de vitesse en circuit fermé sur 5 000 km. Il remporte la liaison Paris-Bucarest. Il réalise les premières liaisons aériennes entre Paris et Pondichéry, Paris et Addis-Abeba, Paris et Brazzaville.

 

Une grande partie de sa carrière se déroule en Algérie et en Afrique. Le premier, il survole le Sahara et effectue la liaison Alger-le Tchad, en groupe. En juin 1932, il se trouve à Biskra, lors de la dernière escale forcée, de Léna Bernstein.[6] »

 

En1939, il est général, et en 1945, il devient général de division aérienne.

 

Pendant sa carrière militaire, il écrit de nombreux ouvrages littéraires.

Il obtient de nombreux prix.

 

C’est donc un général important qui inaugure l’école des mécaniciens radiotélégraphistes et électriciens de l’armée de l’air à Cachan

en 1939.

Pourquoi étaient-ils à Cachan?

« Du début de l’aviation militaire française en 1909 jusqu’à la naissance de l’aéronautique militaire au sein de l’armée de terre, peu d’efforts ont été faits en matière de transmissions aéronautiques.

Les premières expérimentations sérieuses de liaisons radio, par TSF, sont menées en 1913 et au début de 1914. Pourtant à la déclaration de guerre, pas un seul avion militaire français sur les 153 en service n’est équipé de moyen-radio.

Le développement quantitatif et qualitatif de la D.C.A[7] prend essor vers les années 1935, sans que pour autant, les besoins nécessaires soient couverts..

En 1939-1940, les sections de défense ont des effectifs faibles, non spécialisés, et des armements désuets, ce qui entraîne au début de la guerre de très sérieuses pertes au sol face aux attaques des avions ennemis. »

Pour répondre à ce besoin de l’armée de l’air, l’école Breguet peut mettre à la disposition de l’armée, ses compétences dans les formations  en électronique.

Pour faire face au besoin de spécialistes et désengorger l’École militaire de Versailles, il est décidé de créer en janvier 1939, une annexe à l’école Breguet que l’on appelle« le camp de Cachan ».

 

[1]Association des anciens élèves de l’ESIEE Site Internet : http://www.aa-esiee.com/reseau-esiee/lecole-breguet

[2] TSF : Télégraphie sans fil

[3]http://www.flightglobal.com/airspace/media/pioneersinaviation/louis-breguet-91183.aspx

[4]http://www.avionslegendaires.net/louis-breguet.php

[5] Wikipédia, Site Internet

[6] Léna Bernstein est une aviatricefrançaise d'origine russe, née en 1906, morte à Biskra (Algérie) le 3 juin 1932

[7] Ensemble des moyens militaires en vue d’assurer la protection (d’une armée, d’une forteresse, d’une ville) contre les attaques aériennes ennemies (Wikipédia)

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 15:11

 A la sortie de Cachan, ces radiotélégraphistes sont dirigés vers Saint-Jean d’Angély pour y obtenir le brevet de radiotélégraphie au service des transmissions et de la navigation de l’armée de l’air. »

« Cette organisation militaire est entraînée dans la débâcle de 1940, sans avoir pu faire ses preuves.

Son acte de dissolution à compter du 1er août 1940, est signé à Vichy, le 28 juillet de la même année. »

 

Le camp de Cachan était donc un camp de formation militaire.

Plus tard, après la libération, a été implanté un Centre d’apprentis- sage dans les baraques de ce camp qui fonctionnait encore dans les années 50.

 

En 1959, Mr Daniel Veyssière a fait la rentrée scolaire comme professeur d'éducation physique au Centre d'apprentissage. Les élèves, étaient accueillis dans des locaux en dur dépendant de l'ENSET depuis 3 ou 4 ans, les baraquements étaient encore réservés au sport. Le petit stade dont il disposait avait été aménagé par un professeur, M. Olry, avec l'aide des élèves car ceux-ci  pouvaient consacrer du temps imparti au sport à l'aménagement des locaux, ce qui a été fait.

 

Dans l’avenue du Président Wilson le lycée Maximilien Sorre a remplacé le centre d’apprentissage dès 1965 et les baraques du camp ont disparu depuis plus de 45 ans.

Le président de la république, René Coty est venu poser la première pierre de l’ENS

Depuis, le début de l’écriture de cet article,  une autre photo m’est parvenue. Elle montre la cité jardin, l’école Paul Doumer avec les baraques de l’autre  côté de l’avenue.

Des souvenirs d’anciens cachanais,  me parviennent également. Enfants ils étaient élèves dans l’école

Ils évoquent Marc Frey et Claude Le Bonhomme leurs instituteurs.

 

Ils allaient ramasser les hannetons dans les champs de blé qui se trouvaient là. Il y avait beaucoup de Coquelicots.

 

Un témoin parle d’un petit train. Dans une  immense décharge industrielle équipée d'un "decauville",. petit chemin de fer portatif, à voie étroite, destiné surtout aux grandes exploitations agricoles, inventé par l'industriel Paul Decauville, né en 1848 à Petit Bourg(Seine et Oise).

 

Ils racontent le chemin des pompiers devenu avenue de l’Europe Ils parlent de la caserne des pompiers

A la place de la clinique, il y avait un ermite qui vivait là, le père Foucaud. Sa cabane a brulé.

Il semble que le « camp militaire de Cachan » n’ait  laissé qu’assez  peu de souvenirs importants chez les Cachanais. 

Toutefois le parent d’un élu cachanais, MonsieurCASTELLO,

97 ans, ancien élève de l'École BREGUET dans les années 1939/40 se souvient que :

« L’école fut construite de cabanes en bois, dans l'urgence du manque de structure avant la guerre, et pour pallier le manque de" radio amateur " pour équiper les bombardiers de l’armée de l’air ».

« Les cours duraient 8 mois, moins si l'élève était doué (ce qui  était le cas pour Vincent)ensuite je suis allé à Saint Jean d'Angely, puis à Cazeaux pour voler en escadrilles »[1].

 

 Ecole paul doumer

Par ailleurs, plusieurs[2] personnes se souviennent du centre d’apprentissage, en particulier des anciens élèves de l’école Paul Doumer. L’un d’eux y a suivi une formation d’ajusteur-outilleur.

Ces photos leur ont permis de parler de leur histoire à Cachan.

Plusieurs correspondent par Internet avec notre amie Mireille Hebrard que je remercie ici pour son soutien. Avec Annette et Claude Le Bonhomme  qui ont retrouvé cette photo, ils m’ont permit d’avancer un peu dans la connaissance de l’histoire de notre ville.

.[3] 

Marcel BREILLOT

 

 
 
 [1] D’après Paulette Boivin 
 

[2]Plusieurs d’entre eux correspondent ensemble par Internet autour de Mireille HEBRARD

[3] Photo de l’École Paul Doumer Collection Claude & Annette LE BONHOMME.

 

  

 

 

 

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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 14:19

En octobre 1885, il est élu député au second tour.

Il suit la même ligne politique que précédemment. Il dépose, à propos de l'évacuation des eaux d'égout de la capitale, un contre-projet qui comprend un canal de Paris à la mer. Il vote pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement,  contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, pour les poursuites contre trois députés membres de la « Ligue des patriotes », contre le projet de loi restrictif de la liberté de la presse, pour les poursuites contre le général Boulanger.

Mais surtout, il y a  une loi qu’il dépose dont tous nos concitoyens connaissent encore aujourd’hui ce qu’elle a institué. C'est lui qui, le 21 mai 1880, dépose la loi faisant du 14 juillet la fête nationale annuelle en commémoration de la prise de la Bastille et de la Fête de la Fédération.

Ce projet de loi, signé par 64 députés, est adopté par l'Assemblée le 8 juin et par le Sénat le 29 juin.

La loi est promulguée le 6 juillet 1880.

Un peu plus tard,   MM. Adolphe et Hyppolite CONRY lui  dédient leur  poème sur le 14 juillet : [1]

 

14 juillet Raspail

 

Premier jour du Salut et de la Liberté,
Premier pas vers le Droit et la Fraternité,
Laisse-nous saluer l'Astre qui te décore,
Ton flambeau rayonnant, comme ton jour d'aurore !
Laisse-nous proclamer ta gloire et ta grandeur,
0 Quatorze-Juillet, jour pacificateur!
Quand le peuple énervé, qu'outrageait la puissance,
Végétait pauvre, obscur, pleurant sur sa souffrance,
Il cachait dans son cœur le rêve de ses droits
Qu'il devait annoncer aux tyrans aux abois ;
Il mûrissait ses plans, il attendait son heure !
Le tyran se croit sûr et fort en sa demeure :
Il a vu l'artisan s'incliner devant lui,
La vanité l'acclame et l'orgueil l'embellit.
Il se rit aux dépens du pauvre sans-culotte :
Il gouverne, il commande avec un fouet.
Despote !
Tu n'as pas pressenti qu'à ce peuple courbé
Il ne fallait qu'un jour pour qu'il soit soulevé?
Qu'un cri seul suffisait, qu'une plainte sincère
Déclarait pour toujours cette intestine guerre ?
Que de ta lâcheté, de ton oppression
Allait naître un grand jour, la Révolution ?
Très-souvent tu brisas la paix de la famille
En envoyant mourir le Droit à la Bastille,
Ce triste monument que les pauvres vilains
Regardaient en tremblant et se crispant les mains.
On voyait de leurs cœurs sortir ce feu de haine
Qui de la servitude allait briser la chaîne.
Ne vous amusez point d'un peuple et de son droit,
Car seul le peuple est grand, il est fort, il est roi.
Ah ! Quand il se soulève, il est tout comme un tigre.
Quoi ! L’on veut l'opprimer, lui qui doit être libre ?
Ne l'a-t-il pas montré dans l'acte qu'il a fait ?
La Bastille tomba le Quatorze-Juillet !

François-Vincent Raspail a été  un acteur républicain important de la IIIe république. Sans l’engagement de ses fils à ses côtés, et en particulier de Benjamin, serait-il encore aussi connu aujourd’hui?

Benjamin a lié son nom à une loi qui institue la célébration possible par tous de notre Fête nationale.

Il y une rue Raspail dans de nombreuses villes de France.

François-Vincent et Émile ont également une rue qui porte leur nom à Arcueil. 

Seules, trois villes ont donné une rue à Benjamin.

Il s’agit de Creil, Malakoff et Lambesc.

 

A Cachan, il y a toujours la grande maison, un lieu d’exposition dans l’ancienne Orangerie, un parc, très bel espace vert, dont bénéficient les Cachanais au quotidien. Ils ne portent pas son prénom.

Qui sait  encore que Benjamin à longtemps vécu dans cette maison avec son père et ce jusqu'à la veille du décès de ce dernier, à Arcueil, qu’il y est lui même  décédé en 1899 ?

Sources [2]

Marcel BREILLOT



[1]http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6208124x.r=conry.langFR

[2] Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (J.Joly)

http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp? num_dept=8029

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (A.Robert et G.Cougny)

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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 13:59


B

enjamin meurt le 24 septembre 1899 à Cachan à l'âge de 76 ans, en ayant légué sa fortune au département de la Seine [1] pour installer dans sa propriété de Cachan un hospice réservé aux invalides du travail et un musée accueillant sa collection de tableaux (incluant ses propres œuvres) et des documents sur la vie politique de son père.[2] 

Ce dernier s’est installé le 27 mai 1862 avec sa fille Marie dans cette maison de Cachan.

 En 1983, Jacques Carat[3], alors Sénateur -maire, racontait que « lors de son premier  mandat, il avait déploré que cet espace vert…ne fut réservé qu’à trente pensionnaires de la maison de retraite qui…s’y promenaient fort peu ».. 

« Je me rappelle de l’air horrifié d’une demoiselle (de la préfecture) serrant sur son cœur les dispositions testamentaires de Benjamin Raspail devant ma proposition exorbitante : ouvrir le parc au public.. ».

Ce vœu se réalisa et  en 1993.  Jacques Carat propose alors à ces concitoyens  que « cette belle maison devienne un centre de recherche et de culture, où le souvenir de François Vincent Raspail serait présent ». Il propose « d’y accueillir le legs fait à la commune par Henri Poulaille, chef de file de la littérature prolétarienne et de créer un musée de Cachan dans l’Orangerie qui serait notre mémoire collective. »

Rien n’est alors  envisagé concernant Benjamin Raspail.

Lorsque nous nous intéressons aux personnages importants de nos communes, nous croisons immanquablement François Vincent Raspail, grand personnage républicain de la IIIe république.

François Vincent [4] a eu plusieurs enfants qui l’ont suivi dans ses engagements politiques républicains.

·                     Benjamin RASPAIL 1823-1899

·                     Camille François RASPAIL 1827-1893

·                     Émile Jules RASPAIL 1837-1887

·                     Marie Apolline RASPAIL 1836 1876 

·                     Xavier RASPAIL 1840-1926

Camille sera deux  fois député, 

Émile sera 9 ans maire d’Arcueil-Cachan,

Xavier, devra s’exiler  pour avoir publié les ouvrages de son père.

Benjamin, l’aîné, est artiste peintre et graveur. Il travaille beaucoup pour les ouvrages de son père dont il dessine les planches sur cuivre et les lithographies. En 1863, il devient directeur de la maison d’édition familiale.

 Il a été  amputé d'une jambe, suite à une poursuite à coups de pierres, à Épinay en 1832.

Raspail B[5] 

 En 1874, au décès d'Eugène Lavenant, il assure quelque temps la fonction de maire d’Arcueil.  

Il est aussi conseiller général de la Seine. 

Représentant du peuple en 1849, député de 1876 à 1889, pour la gauche républicaine,

Il participe à tous les combats de son père à l’extrême gauche de l’époque.

Il vote, contre l'expédition romaine, contre la loi Falloux-Parieu sur l'enseignement, contre la loi restrictive du suffrage universel, combat énergiquement la politique de l'Élysée, proteste contre le coup d État de Napoléon III. Il est proscrit avec son père en 1851.

Il se réfugie alors en Belgique, où il réside de 1852 à 1863.

Lors de son second mandat à partir de 1876, il vote pour la proposition que dépose son père en faveur de l'amnistie plénière, réclame l'abolition de la peine de mort, l'abrogation de la loi des maires de 1874.

Il est réélu le 14 octobre 1877. Il se montre partisan de la liberté de la presse, tout en proposant des amendements restrictifs qui ne seront pas adoptés. [6]

 

Presse 29-07-1881 Benjamin Raspail


 Benjalin RaspailIl propose aussi le droit illimité de réunion, la séparation de l'Église et de l'État, et demande qu'il soit interdit aux députés de mettre leurs noms dans des annonces d'entreprises financières. Tiens déjà ! 

Réélu le 21 août 1881, il propose de vendre les dia mants et joyaux de la couronne et d'en attribuer le produit à la création d'une caisse des invalides du travail ou d'une caisse des musées de l'État; réclame des pensions pour les victimes du coup d'État de Napoléon III du 2 décembre ; fait voter que les anciens membres des commissions mixtes de 1852 ne puissent pas continuer à faire partie de la magistrature. Il interpelle le gouvernement sur la circulaire des compagnies d'Orléans et de Lyon interdisant à leurs employés d'accepter des mandats électifs.

Il approuve les tenants de la séparation de l'Église et de l'État. Il vote contre les crédits de l'expédition du Tonkin.

 

A suivre

  

Marcel BREILLOT



[1] Divisé ensuite en plusieurs départements dont le Val de Marne qui devint dépositaire de ce legs.

[2] On peut en consulter l’inventaire sur : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr?

[3]Cachan83, Cachan89, Cachan a 70 ans, par Jacques Carat,

[4]  F.V. Raspail, P & JP Bédéï ,édt Alvik, 2005

[5]Les portraits sont de la collection de l’auteur

[6] Benjamin propose : « toute feuille périodique ayant pour but plus ou moins dissimulé le retour de la monarchie ou de l’empereur et le rappel d’un prétendant quelconque sera supprimée…..et son cautionnement confisqué au profit des pauvres… »,

Collection de l’auteur.

[7]http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6208124x.r=conry.langFR

[8] Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (J.Joly)

http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp? num_dept=8029

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (A.Robert et G.Cougny)

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 15:43

En conclusion, d’après le rapporteur, « les documents et les chiffres ont surabondamment démontré que certaines négligences ou sympathies personnelles ont joué au détriment des finances de la commune ».

La ville de Cachan aurait perdu 72 860 francs auxquels s’ajoutent 55 600 francs pour la ferronnerie.

M. MARCILLOUX demande d’engager « une instance de révision des marchés passés par la ville ». Il ajoute une responsabilité solidaire :

·  « Du maire de Cachan

·      Du maire-adjoint qui a signé les pièces

·     Des architectes MATHON et CHOLLET qui ont une responsabilité non-atténuée dans les transactions avec les Briqueteries

·     Des architectes CHAUSSAT  père et fils qui n’ont pas usé de leur droit de regard et qui ont fait des propositions d’acomptes qui ont failli coûter cher à la commune. »

Le rapporteur demande que toutes les sommes dues aux architectes soient bloquées.

« Pour le surplus, il fait confiance au maire dont la bonne foi a pu être surprise, pour rembourser lui-même les sommes perçues en trop

     Fait à Cachan, le 23 décembre 1935.


Ce rapport est largement repris par le journal de Paul VAILLANT-COUTURIER, Front Rouge, qui publie aussi des caricatures du maire de Cachan.

Le président de la commission, M.  PETIT, présente au conseil municipal le 26 février 1936, un contre –rapport au nom  de quatre membres de la commission qui s’est divisée. M. GARINOT, élu sur la liste du maire se joint, lui, au rapporteur.

 

Il s’appuie essentiellement sur un rapport de l’architecte, M. BERNIER, du « service de contrôle des communes », diligenté par le préfet de la Seine.

Il établit une chronologie précise des événements. Il accuse « l’architecte communal d’avoir déclenché l’affaire ».

Puis il décrit les bagarres au sein de sa commission pour obtenir la lecture du rapport MARCILLOUX « il tient absolument à sa thèse et nous adresse «  le poulet tout rôti » sous la forme d’un dossier, puis le 21 janvier 1936, il le transmet à tout le conseil municipal » sans accord ni validation de notre commission. Puis le président MARTIN cite abondamment M. BERNIER :

« J’estime que cette affaire ne repose sur aucun fondement sérieux et que c’est à juste droit que le maire est fier des conditions particulièrement intéressantes auxquelles il a traité, construit et achevé l’hôtel de ville de Cachan. 

   Signé : BERNIER, le 20 janvier 1936. »


Le président propose ensuite d’examiner la triple faute de l’architecte communal en reprenant les reproches qui lui ont été faits par le maire. « Il ne s’est pas occupé du chantier en régie,…. ce qui ne l’a pas empêché de toucher sa part d’honoraires ! »

Eyrolles-2-copie-1.jpg


[1]  

Par 18 voix pour, 4 contre,  2 abstentions, le conseil municipal adopte le texte ci-dessous présenté par M. DESGUINE après l’audition des rapports.

« Estimant :

·          Que l’honorabilité du maire ne saurait être mise en cause.

·          Que le nombre de briques évalué correspond aux nombres de briques payées par la régie municipale.

·          Que le maire ne pouvait s’adresser à d’autres  fournisseurs.

·      Que le manque d’énergie de l’architecte communal qui connaissait la situation des ECF est au moins à regretter.

·         Que le marché relatif de la ferronnerie ne peut être critiqué ».

 

 

Moscoutaires.jpg

 

 

  Le même jour, le conseil municipal procède  à la réélection des membres de ses 14 commissions et comités. Pour les 3 premières : les finances, travaux, adjudication des marchés, le vote est à bulletin secret. Parmi les élus qui ont voté contre le rapport MARTIN, MM. FIQUET, GARINOT et LEMOINE sont réélus dans plusieurs commissions.

M. LEMOINE réserve son acceptation pour être membre de commissions   à l’assentiment par son groupe politique, la SFIO. M. MARCILLOUX, lui, n’est élu dans aucune d’elle.

Pendant cette  période de l’été 1935 à l’été 1936, la presse locale de chaque  bord se déchaîne.

Le journal « Le Citoyen » du 7 mars 1936, défend le maire de Cachan. Il titre :

 «  Les bolchévistes émettent des accusations répétées contre M. EYROLLES qu’ils voudraient mêler à un prétendu scandale des briques du nouvel hôtel de ville. L’organe officiel des soviets avec sa mauvaise foi coutumière a repris 2 articles des protagonistes de la faucille et du marteau….. Ainsi, une nouvelle fois les bolchévistes avec une mauvaise foi évidente qui les caractérise toujours, ont essayé d’apporter le trouble parmi les populations laborieuses d’une commune de banlieue….de son côté M.. EYROLLES  est décidé à faire toute la lumière sur certains agissements et il a adressé au procureur de la république une plainte contre X.» conytibuables.jpg

 

   [2] Eyrolles-3.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les caricatures de « Front Rouge » accusent  le maire de Cachan lors du vote du budget.

Les élections législatives du 26 avril et du 3 mai 1936 sont proches. Le Front Populaire les gagne, rassemblant environ 57 % des suffrages exprimés au premier tour et envoyant, au terme du second, un total de 386 députés sur 608, pour siéger à la Chambre des députés.

Début juin 1936, MM. LEMOINE et MARCILLOUX demandent la démission collective du conseil municipal.

Le 10 juin 1936, M. LEMOINE (SFIO)  propose une résolution qui salue la victoire du Front Populaire. Trois conseillers interviennent :

M. GROS qui votera contre, M. CHOPLIN qui considère que le conseil municipal n’est pas compétent et ne prend pas part au vote, M. DESGUINE qui s’associe à la résolution présentée. Elle est adoptée par 13 voix pour, 7 voix contre et 4 abstentions.

 

 

Le 4 août 1936, le conseil approuve le décompte définitif des travaux de construction de l’hôtel de ville et du bureau de poste pour  3 820 430 francs [3].

 

 L’affaire des briquesétait-elle un des éléments annonciateurs des changements politiques qui se préparaient en 1935?

Plus simplement, relevait-elle plutôt de rivalités entre architectes déstabilisés dans leurs habitudes par la faillite de l’entreprise chargée de construire l’hôtel de ville ?

Relève-t-elle de  l’utilisation politicienne de disfonctionnements

entre les professionnels du bâtiment ?

 

A chacun d’entre-nous de se faire son opinion.

 

Marcel BREILLOT

 



[1] Ici, de la mairie renversée, il tombe des briques cachées ?

Front Rouge, 7 mars 1936, Archives du Val-de-Marne

[2] Front Rouge, le 31 mars 1936, Archives du Val de-Marne

[3] Selon l’INSEE : 1 franc 1936 = 0,69846 €uros actuels 

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 15:33

Marcilloux.jpg

Les attaques de cette campagne ne sont que les prémices de ce qui va arriver au cours du mois de juin 1935. Rappelons ici que l’hôtel de ville qui vient d’être inauguré est l’aboutissement d’une déjà longue démarche.

C’est le 28 mai 1930 que le choix du terrain pour son implantation a été fait entre quatre propositions dont deux se trouvaient avenue Carnot.

Dès 1931, un article dans le journal Le Moniteur, évoque des contestations quant au choix de l’emplacement car on ampute le parc Raspail de son allée des Tilleuls[1].

Le projet a été adopté le 22 novembre 1932 avec un projet d’emprunt de 4 092 000 francs remboursable en 30 ans, le 27 décembre de la même année.

Jean-Baptiste MATHON et Joannès CHOLLET sont choisis comme architectes. René  et Yves CHAUSSAT leur sont associés comme architectes municipaux.

Les adjudications sont votées le 29 juillet 1933. C’est la Société d’Entreprises Centrales Françaises (ECF)  qui remporte le marché du terrassement et de l’ensemble de la maçonnerie.

Au départ les travaux vont bon train, cela jusqu’en mai 1934.

Pourtant le 17 mai 1934, Jean-Baptiste MATHON refuse un lot de briques fourni par la « Briqueterie de Champigny ». Il y a trop de briques défectueuses. Le 24 mai René CHAUSSAT propose à ses collègues et au maire de régler un acompte de 100 000 francs aux ECF. MATHON&CHOLLET refusent de le signer en arguant qu’il est largement surévalué.

Le 25 mai 1934, les travaux sont abandonnés. Le 28, les ECF sont déclarées en faillite. Les ouvriers ne sont pas payés.

Le maire devant cette situation de crise demande au préfet de la Seine l’autorisation de terminer les travaux en régie directe. Il propose d’embaucher les cadres d’ECF : M. LETALLEC, ingénieur, et son chef de chantier, M. SOUCHAL, ainsi que tous les ouvriers. Le préfet donne son accord le 4 juin 1934.

Les travaux reprennent, l’hôtel de ville de Cachan se terminera à un bon rythme de travail.

L’affaire des briques ?

Toutes les parties semblent s’accorder pour dire qu’elle a été déclenchée par un courrier rendu public de l’architecte municipal, René CHAUSSAT, adressé à Léon EYROLLES, maire de Cachan.

L’architecte menace le maire de dévoiler le « scandale de l’hôtel de ville ». Il indique « qu’à la faillite de l’entreprise ECF et lors de la reprise du chantier en régie directe, il existait un stock de briques de la « Briqueterie de Champigny » d’environ 40 000 unités d’une valeur de 200 000 francs. Il porte des accusations de disparition de ce lot de briques.

Ce courrier déclenche la création d’une commission d’enquête au sein du conseil municipal en date du 27 juin 1935, soit 40 jours après les élections municipales.

 

Sont désignés par le conseil municipal sept élus qui vont composer cette commission.

M. MARTIN de la liste « d’Union Républicaine »  est élu président, M. MARCILLOUX, leader SFIO, revendique et obtient la fonction de rapporteur.

Dès sa désignation, il va mener bon train l’enquête de la commission. Des auditions ont lieu lors des sept séances du 4 juillet au 12 décembre 1935. Les premiers auditionnés sont MM. CHAUSSAT et EYROLLES.

 

Eyrolles.jpgL’architecte municipal affirme que pour soustraire le stock de briques à l’inventaire de la faillite des ECF et à ses créanciers, ses confrères MATHON & CHOLLET auraient « refusé ce lot livré » par les briqueteries et ensuite fait constater par le représentant du syndic qu’il n’existait aucun matériau pouvant être utilisé sur le chantier à la suite de la faillite.

Les architectes mis en cause par leur confrère, déclarent « que ces allégations sont fausses ». Ils fournissent des correspondances indiquant leur refus des briques qui remonte aux 18 et 22 mai 1934, bien avant la déclaration de la faillite.

Pendant cette première période d’enquête, le journal « le Moniteur » publie une fausse lettre de M. MARCILLOUX (SFIO) à son « confrère  et grand ami  CHAUSSAT, président des Croix de Feu[2] de Cachan[3]…… »

« En attendant tes félicitations qui ne sauraient tarder, je m’empresse de te remercier de tout cœur pour ta campagne si active….. Grâce à vous me voici à la mairie où demain règnera le communisme …. »[4]

Lors de sa première audition,  Léon EYROLLES proteste vivement contre les allégations de son architecte communal et rappelle les manquements professionnels de ce dernier : 

·         « Avoir établi un état erroné de la situation.

·         Avoir gardé par devers lui la situation de l’entreprise ECF en faillite.

·         Avoir énoncé dans sa déposition que le maire avait prélevé 33 840 francs sur le mandat à ECF pour faire la paie des ouvriers. »

 

M. MARCILLOUX, à la suite des auditions contradictoires, rédige un long rapport tendant à démontrer « ce que l’on appelle le scandale des briques de l’hôtel de ville » sur deux points :

·         La fourniture et les prix des briques par les Briqueteries de Champigny.

·         L’attribution du marché de ferronnerie traité de gré à gré.

Il va jusqu’à signaler dans son écrit que « les briqueteries de Champigny livraient aussi des centaines de milles des mêmes briques de même qualité à l’ESTP, Boulevard Saint-Germain à Paris dont M. EYROLLES est le président et que le chantier est aussi conduit par Mrs MATHON & CHOLLET. » Cela, sans  en tirer de conclusion particulière, mais il introduit là une suspicion importante de malversation dans son rapport.

Le rapport MARCILLOUX comporte de très nombreux tableaux de chiffres sur le nombre de briques et sur les prix de celles-ci. Il affirme que les Briqueteries de Champigny devraient rembourser à la commune 72 860 francs de trop payé.



[1] Le Moniteur du  25 juillet 1931.

[2] L'association des Croix-de-Feu ou Association des combattants de l'avant et des blessés de guerre cités pour action d'éclat (1927-1936) était une ligue d'anciens combattants nationalistes français, dirigée par le colonel François de La Rocque. Elle est dissoute en 1936, donnant naissance au Parti social français (1936-1940), plus grand parti de masse de la droite française.

[3] Le Moniteur du 6 juillet 1935, Archives du Val-de-Marne

[4] Rappelons que M. Marcilloux est socialiste SFIO.

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